Hervé Loire

Né en 1961 à Chartres.
Diplômé de l’école nationale et supérieure des Arts Appliqués et Métiers d’Art en 1984, Hervé Loire parfait sa formation de vitrail en Allemagne et aux États-Unis.
Depuis 1986, il est en charge de l’organisation générale des ateliers de Lèves : gestion des équipes (quinze personnes au total), du matériel, des programmations, des délais de réalisation des créations et restaurations. Il participe aux chantiers en extérieur qui, variant toujours les uns des autres, offrent une alternative au « travail prenant de l’atelier ». « J’essaie que chaque membre de l’équipe ait son autonomie en réalisant une tâche de son début à sa fin ». Il souligne également « la force d’être trois » qui permet à chacun d’eux de se ménager des temps de création personnelle.

Hervé Loire s’exprime avec toutes les techniques verrières dont il dispose. À l’église de Mézières-en-Drouais (Eure-et-Loire) existent des vitraux de Raphaël Lardeur dans le chœur et une rose du XIXe siècle en façade. Hervé Loire, à qui il revient de créer en 2005 les verrières hautes de la nef, répond par des vitraux en verre antique et plomb, de teintes claires, légèrement dépolies dans les filets de bordures. Il réalise également un ensemble clair et sans narration à l’église Saint-Julien-les-Villas (Aube), en vitrail traditionnel « pour respecter l’esprit de l’église, petite et sombre, et très décorée en peinture ». L’unique évocation symbolique est réservée à la baie axiale, sur le thème de la Résurrection. La troisième phase de vitrage date de 2006.
Les demandes de représentations figuratives sont l’occasion de recherches, dont il apprécie l’aspect ludique : « Comment condenser en une seule image la parabole de l’Enfant prodigue ? ». À l’église Saint-Michel d’Ashburton en Australie, il illustre la Création, où « Adam et Ève sortent de la main de Dieu » (2006). « Elle est la seule église au monde où s’épaulent trois générations de verriers issus d’une même famille ». L’ensemble en dalle de verre exécuté par Gabriel et Jacques Loire comprend une Pieta et la Pentecôte. « Dans ce pays, les religieux et les donateurs attachent une réelle importance aux thèmes des vitraux ».
Des baies thermoformées aux reliefs accentués, aux motifs de la vigne et du blé ornent la chapelle de la maison de retraite Saint-Louis (Versailles, 2005). « Le thermoformage révèle le côté noble du verre et s’inscrit dans la tradition verrière des recuissons, du travail de la matière ».
Par ailleurs, il conserve un recul face à la technique de verres fusionnés, très utilisée actuellement dans le vitrail avec ses effets de douceur et de brillance facilement obtenus. Dans ses propres réalisations – de format souvent carré – il fait un « usage modéré du fusing, toujours associé à d’autres matières de verre, afin d’essayer d’apporter quelque chose de plus qu’un simple thermocollage ». L’œuvre Triptyque (2002) avec trois petits paysages lunaires peints et montés dans une composition géométrique, ou encore les séries représentant la cathédrale de Chartres (2000 et 2006), à forte dominante bleue, offrent l’équilibre souhaité entre les techniques traditionnelles (peinture, gravure, montage au plomb) et celle du fusing.
À propos de l’utilisation fréquente des bleus dans le vitrail, Hervé Loire explique que « le bleu est une couleur qui permet de donner une belle lumière, calme et qui convient à divers lieux. Nous sommes entourés des verts de la végétation, mais par le ciel, le bleu nous domine, nous englobe en grande majorité. Le bleu est porteur d’image céleste et d’évasion ».

« Le vitrail contemporain se voit plus facilement aujourd’hui, il n’est plus considéré comme un art décoratif ou seulement destiné à une fonction religieuse. » Toutefois, cette dimension d’un art qui sait jouer des contraintes architecturales tout en étant créatif, reste encore trop méconnue des maîtres d’ouvrage.