Stéphane Petit

Né en 1965 à Chartres. Formations à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts et à l’École du Louvre. Depuis 1987, participe aux restaurations de vitraux à l’atelier de Michel Petit. Élève de Maître d’Art depuis 1996. Concours l’Oréal, trophée de l’appprentissage, en 1999. Reprend l’atelier avec Claire Babet depuis 2000. Participe aux créations des verrières d’accompagnement du chœur de Notre-Dame-de-Fidélité à Douvres-la-Délivrande (Calvados) en 1999 et à celles du prieuré de Puychevrier (Indre) en 2001. Création de vitraux à Bamako (Mali, 1999) et pour les ensembles de l’église Notre-Dame-de-la-Haye de Descartes (Indre-et-Loire), en 2005 et du prieuré Saint-Thomas d’Épernon (Eure-et-Loire), en 2006. Créations de sculptures : colonnes de lumières (1999) ; fontaine ronde (verre thermoformé, émaillé, 2001) ; mur d’eau, tryptique de lames thermoformées (2002). Expose à partir de 1992.

« Le but des Maîtres d’Art est de pérenniser les savoirs, de transmettre les activités. » Élève et héritier de ces connaissances, il situe sa démarche « à la croisée des savoirs », la transdisciplinarité des sciences humaines et techniques étant nécessaire à la restauration, mais également, inspiratrice en création. Dans la pratique, il s’agit d’« avancer dans la compréhension des arts du feu en général, de la nature des verres, des véhicules », en se formant, par exemple, à la céramique, comme de savoir créer ses propres outils et « développer ses spécificités », ce dont témoignent ses recherches multiples en verre thermoformé, coulé et moulé. « L’idée me tire, la technique doit suivre, je vois la finalité au-delà des barrières techniques à franchir. »
La gravure fait sa particularité dans l’élaboration des maquettes, déclinée en moulages qui aboutissent à un thermoformage ténu. « Il faut que le verre ait l’aspect de la gravure. Ce n’est pas un simple effet de surface de la matière, cela va de la gravure vers le volume fin. » À partir de gravures sur lino, tout un processus de recherche graphique et colorée se met en place, via différentes étapes de tirages d’épreuves, pochoirs, sélections de formes et leurs agrandissements. « Je suis un passionné de la maquette, tout y est inscrit en grande précision. » Il imprime aussi au verre les formes de la nature dont il relève les empreintes en des matrices d’argile (roches, végétaux), ou encore par des traces d’inclusions diverses. Il peut ainsi « faire parler la pierre », et les relations profondes entre les éléments, comme le verre et l’eau.

L’église romane de Notre-Dame-de-la-Haye à Descartes, a été entièrement rénovée en une vingtaine d’années par le service des Monuments Historiques. « Mon père m’a éduqué dans cette culture patrimoniale et selon cette éthique : tenir compte de tous les éléments environnant le vitrail. Les projections lumineuses sur les embrasures sont à anticiper pour être en harmonie avec les dominantes colorées des fresques, et ceci est d’une grande complexité de conception. » Quoique l’affectation du lieu soit culturelle, un programme religieux a été demandé, laissé à son libre choix, et aux signes discrets : Transfiguration (baie 0), Ascension (baie 2), Assomption (baie 4), Création du monde dans la nef, et évocation de l’épilogue de l’Apocalypse. La démarche artistique, tissée de doute, a aussi ses heures heureuses. « J’ai eu un enthousiasme pour ce lieu, parfois il y a des évidences, on est mûr, mais vous êtes vous-même surpris de ce jaillissement, de cette énergie et de cette force. »

La restauration, achevée en 1999, du chef-d’œuvre de René Lalique à Douvres-La-Délivrande a été marquante ; l’ensemble des baies et du mobilier de l’espace liturgique est composé à partir de briques de verre. « Je crois à l’alternative de la brique de verre pour l’architecture contemporaine, cette idée me porte en avant depuis longtemps. Aujourd’hui beaucoup d’architectes réagissent positivement à cette démarche, nous avons un langage commun. » En ce sens, il crée un prototype en verre moulé sur le thème de la chouette (Japon, 1999).
Ainsi, il s’impose d’aller au-delà de la dichotomie entre hommes de métier et créateurs, ou restauration et création. « Je dois beaucoup à l’art du vitrail, j’en ai besoin pour vivre, c’est une élévation. Je ne suis pas élististe, je le fais pour tout le monde. Les plus beaux retours nous sont donnés par les enfants. Les fontaines, l’eau, le verre les magnétisent. Les enfants savent naturellement agencer les couleurs, sont toujours justes dans leurs colorations ; plus tard, cela se perd ».