Denis et Kévin Picol

Denis Picol, né à Concarneau en 1948. Formations plurielles de peintre à l’école des Beaux-Arts d’Auxerre, de maquettiste, de peintre verrier à l’atelier Loire durant six années et en histoire de l’art à Paris. Grand prix de la Société d’Encouragement aux Métiers d’Art en 1991. Son atelier de vitrail propose aussi une production diversifiée de mobilier, d’objets décoratifs, et de bijoux en verres fusés et thermoformés. Kévin Picol, son fils, né à Chartres en 1981. Depuis 2003, il se consacre spécifiquement au fusing dans l’atelier. Formation au vitrail au centre de formation aux Arts et Métiers près de Nantes et en décor sur verre, au centre européen de recherche et de formation aux Arts Verriers, de Vannes-le-Châtel.

L’atelier de Denis Picol se consacre surtout à la création de vitraux pour les particuliers. Cependant, son travail peut se découvrir à l’église Saint-Hilaire de Charpon (Eure-et-Loir) où il a réalisé un ensemble commandé par une association (2000 à 2006). « Le graphisme et les jeux de couleurs sont liés à la lumière de l’édifice, daté de la fin du XVe siècle ». Un vitrail figuré, dédié au saint patron, est traité dans le même esprit que les autres baies. Depuis 2002, sous l’impulsion de son fils Kévin, l’atelier développe le fusing en associant les pièces fusées aux verres antiques au sein des montages au plomb. « Nous avons la chance de travailler avec la lumière qui, en fonction des lieux, va dicter notre palette de couleurs. Nous avons au moins un millier de teintes à notre disposition. Le choix des couleurs est un jeu très subtil puisque les teintes réagissent entre elles, se transforment. La sensibilité et la technique sont au service de l’art. »

Le rapport de Denis Picol à la couleur s’est progressivement construit grâce à ses formations successives, et il souligne le rôle de l’histoire de l’art dans ce processus. Les cours d’histoire du vitrail dispensés par Françoise Perrot en Sorbonne ont formé un large public aux différents aspects scientifiques et esthétiques. « Françoise Perrot m’a donné le goût du vitrail de la Renaissance. Par sa grande sensibilté, elle a réussi à me donner l’envie d’aimer cette époque, par l’observation des détails, par exemple, le comment et le pourquoi de tel trait de grisaille ; son enseignement m’a donné un regard très poussé sur cette période, une ouverture sur l’art du vitrail et de la peinture sur verre. Ensuite, j’ai commencé à chercher à exprimer ma sensibilité à travers ce que j’avais appris et acquis. » Le chemin se fait par « séries de déclics », et d’étapes où ce qui était pensé comme « un pas impossible à franchir » est franchi. Denis Picol voit qu’une étape décisive s’est produite avec « la décomposition d’un iris, fragmenté en différentes couleurs ». Ce fut un « point de départ », car le graphisme a ressurgi là, et s’est imposé comme une nouvelle liberté, mais une liberté qui repose sur la maîtrise de ce graphisme.

Ses maquettes sont dessinées, destinées à fixer un graphisme affirmé, les colorations intervenant en second temps.
Aujourd’hui, il oriente sa création vers « l’éclatement du graphisme et des couleurs » et l’emploi de verres colorés. « Je suis moins à l’aise avec l’effet de masse du fusing, c’est pourquoi j’y appose des apports légers de grisaille. » Quand le panneau est achevé, « j’ai toujours un goût de peut-mieux-faire. Le mieux-faire, qu’est-ce que c’est ? C’est le sentiment d’être encore loin de l’aboutissement, et c’est ce qui m’anime. Il y a trop de choses que je n’ai pas encore faites ». Plusieurs projets sont menés de front. Peintures élaborées à partir de sujets variés, adaptées aux désirs des commanditaires et à leur réceptivité face à l’intensité de la couleur.
« Pour notre époque, la cathédrale de Chartres est un monument presque inaccessible, par ses dimensions, la façon dont elle s’impose en masse, sa nature grandiose. À ses pieds, elle comprend trop de choses, elle est presque trop compliquée. De l’intérieur on ne peut qu’être pris par son atmosphère. Elle domine cette plaine beauceronne comme un phare. J’aime la styliser, car j’aime cette cathédrale dans la sobriété, l’harmonie de proportions entre ses deux flèches et le reste du bâtiment. »