Bertille Hurard

Née en 1961 à Rouen. Après une carrière dans l’industrie pharmaceutique, Bertille Hurard choisit de se consacrer à l’art du vitrail. Formations plurielles : soufflage du verre avec Pedro Veloso, design et architecture d’intérieur avec Pierre de Laubadère. Fusing, thermoformage et pâte de verre avec Martine et Jacky Perrin, Franck van den Ham, Antoine Leperlier. Vitrail traditionnel au plomb au Centre international du Vitrail en 2006.
Ouverture de son atelier en Eure-et-Loir en 2002, transféré dans les Yvelines en 2005. Depuis 2003, commandes de vitraux pour les particuliers, seule ou en collaboration avec des architectes. Création de portes, de décors verriers et d’éléments d’architecture : géométrie alternée de carrés de couleurs primaires, structure de bois, pour l’habillage d’un mur en pavés de verre (Sartrouville, 2006). Participation à de nombreuses expositions et salons consacrés aux métiers d’art, au design et à la sculpture, en région parisienne et en Eure-et-Loir. Elle crée vitraux, sculptures, objets décoratifs, luminaires et bijoux. Présidente de l’Association des Verriers de Chartres et d’Eure-et-Loir. Elle enseigne également au sein de son atelier.

La rencontre avec le verre est d’abord, dans le parcours de peintre de Bertille Hurard, la quête d’un matériau, spécifique, qu’elle définit comme « idée-matière ». Elle se tourne vers les techniques de vitrail sans plomb, fusing et thermoformage, qui correspondent à son désir d’aborder la couleur et la lumière. « Elles me conviennent parce qu’elles permettent une grande diversité de créations. Il n’y a pas de limite de traits, on peut jouer avec la forme et pas forcément en plan ». Elles rendent possible l’éclectisme qui lui tient à cœur, tant dans « la liberté de traitement des matières », des productions – de la décoration à l’art monumental –, que dans les thèmes suggérés par ses œuvres.
« Ces créations sont évocatrices, laissant la porte ouverte à l’évasion poétique et à l’imagination de chacun. Les thèmes que j’aborde sont le reflet de mes réflexions ou le reflet du spectacle du monde. »
Chemins de vie (salon Équip’baie, Paris, 2004), l’une de ses premières œuvres, est une « silhouette qui prend son envol », faite de billes prises entre deux lames de verre thermoformées. La forme se construit par la couleur, concentrée et ponctuée dans le champ du verre resté nu, sa densité « respire » par les grandes surfaces restées incolores. « Toutes les générations ont joué aux billes, mais emploient différents langages lors du jeu. À la base, les couleurs les plus sombres vont vers les plus claires, une courbe vers la sérénité des teintes claires, en quête de connaissance ». Exécutions différentes d’un même sujet par inclusion d’autres verres, ou d’oxydes variés. « Les inclusions dans le verre c’est comme en chirurgie, la greffe prend quand les tissus ou les organes sont compatibles. Le verre, c’est lui le maître ».
Le panneau De qui sommes-nous les marionnettes ? (2005) se rapproche d’une peinture d’enfant, à grands aplats de couleurs unis et translucides, et « des marionnettes de verre en trois dimensions, qui bougent. Un thème qui n’a pas d’âge, qui apparaît quand l’enfant se pose la question de la vie et de la mort ».
Bertille Hurard réalise aussi des panneaux de forme monumentale : vitraux ou sculptures. Sur la stèle Les couleurs de la vie (2004), un poème de Bertille Hurard est transcrit en verre, par fusion de lettres de couleurs primaires et blanches sur fond incolore. Totem-Torrent, « a l’aspect lisse du galet, sans envers ni endroit. Il y a l’effet de clin d’œil de l’eau teintée incluse dans des pièces travaillées au feu ».
Pour un projet d’église sollicité par l’atelier Peters (Allemagne), Bertille Hurard établit un code de couleur symbolique pour traiter le thème et l’espace monumental.
« Je pense que dans un lieu de culte, mais aussi dans l’architecture civile, il est important d’avoir à proposer un sens, quelque chose de plus qu’un aplat de couleur. Chaque génération a sa propre écriture ; les grandes questions de l’humanité sont toujours là. Le vitrail doit pouvoir ressourcer, redonner de l’énergie. Qu’il y ait de l’esprit est un élément majeur ». Dans l’architecture civile, le vitrail peut être « un pilier de l’édifice », ou « un fondu-enchaîné, qui se fait oublier et joue la main dans la main avec les autres éléments. Ne pas toujours emporter la vedette est question de dosage et d’intention ».

« Je suis devenue amoureuse de la Beauce pour ses intensités de couleurs, ses variations de lumières. Elle est très graphique. C’est la ligne de vue, la mer-horizon, l’infini, l’impression de respirer et de ne pas être limité. De loin, la cathédrale est fabuleuse, compte tenu de sa position dominante, l’édifice surdimensionné crée un effet de deux échelles, de deux mondes différents. »